accorder du tout, ce qui était impossible. Et comme, à chaque proposition de la philanthropie conservatrice, j’aurais pu reproduire toujours le même argument, et cela à l’infini ; comme les garanties sociales ne sont, après tout, que le revers des garanties politiques, j’étais sûr, si je l’eusse voulu, en pressant ces dernières, de faire rejeter jusqu’à l’idée même de constitution.
Il en est, en effet, de tous les éléments politiques et économiques sur lesquels repose la société, comme du droit au travail et du droit à l’assistance : ils peuvent tous se suppléer l’un l’autre, parce qu’ils se convertissent, se transforment, s’absorbent incessamment l’un dans l’autre, parce qu’ils sont aussi bien corrélatifs que contradictoires.
Accordez-moi la gratuité de l’enseignement, disais-je dans une autre occasion, et je vous abandonne la liberté de l’enseignement.
De même, aurais-je pu dire encore, accordez-moi le droit au crédit, et je vous quitte, du même coup, et le droit au travail, et le droit à l’assistance.
Accordez-moi l’égalité des cultes, et je vous permets d’avoir une religion de l’État.
Accordez-moi la faculté de révision, et j’obéis, à tout jamais, à la Constitution.
Accordez-moi l’exercice à perpétuité du suffrage universel, et j’accepte d’avance tous les produits du suffrage universel.
Accordez-moi la liberté de la presse, et, plus hardi que vous, qui interdisez la discussion des principes, je vous permets de discuter le principe même de la liberté.
La société, chose essentiellement intelligible, repose tout entière sur ces oppositions, synonymies, ou équivalences, qui toutes rentrent les unes dans les autres, et dont le système est infini. Et la solution du problème social consiste à poser les différents termes du problème, non plus en con-