Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/216

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tradiction les unes des autres, comme ils apparaissent d’abord aux premières époques de formation sociale, et comme la Constitution de 1848 les présente encore, mais en déduction : de telle sorte, par exemple, que le droit au travail, le droit au crédit, le droit à l’assistance, tous ces droits, dont la réalisation est impossible par voie de Gouvernement, se déduisent d’une première transaction extérieure et supérieure à l’ordre politique, telle que serait la Constitution de la propriété, l’équilibre des valeurs, la garantie mutuelle de l’échange, etc. ; et, au lieu d’attendre l’initiative de l’autorité publique, la subordonnent elle-même.

C’est notre ignorance de ces transformations, en même temps que notre incurie républicaine, qui nous rend aveugles sur nos moyens et nous fait désirer toujours d’inscrire dans le texte de nos constitutions et de porter au catalogue de nos lois, des promesses qu’il n’est au pouvoir d’aucun gouvernement de remplir, qui lui sont antipathiques, de quelque manière qu’il soit organisé, gouvernement absolu, gouvernement constitutionnel, gouvernement républicain.

En deux mots : voulez-vous seulement produire dans la société des actes politiques, organiser la guerre contre l’étranger, assurer au dedans la prépondérance d’une aristocratie, la subalternisation de la classe travailleuse, maintenir le privilége contre les entreprises d’émancipation du prolétariat ? L’ordre gouvernemental, avec ou sans distinctions de pouvoirs, suffit. Il a été inventé dans ce but, et n’a jamais servi à autre chose. La séparation des pouvoirs, qu’on vous propose comme la première condition d’un gouvernement libre, n’est qu’une manière de faire participer les classes favorisées au bénéfice du gouvernement.

Voulez vous, au contraire, garantir à tous, avec la propriété légitimement acquise, le travail, l’assistance,