des partis, il ne peut éviter un péril qu’en se précipitant dans un autre, et qu’à peine de manquer à sa sûreté, il est forcé de mentir à sa conscience ? La société, sous le régime à 200 francs, était immobile : un poëte l’avait personnifiée dans le dieu Terme. Depuis que le suffrage universel est établi, elle tourne, mais sur place. Auparavant elle croupissait dans sa léthargie ; maintenant elle a des vertiges. Serons-nous donc plus avancés, plus riches et plus libres, quand nous aurons fait un million de pirouettes ?...
Que si maintenant le gouvernement, tel que l’a fait la Constitution de 1848, ne peut garantir ni le travail, ni le crédit, ni l’assistance, ni l’instruction, ni le progrès, ni la sincérité du suffrage universel, ni rien de ce qui constitue l’état social, comment garantirait-il l’état politique lui-même ? comment garantirait-il l’ordre ? Chose singulière ! cette réforme politique, qui devait nous donner la réforme sociale, nous apparaît, de quelque côté qu’on l’entreprenne, comme une perpétuelle anomalie. Ce n’est pas seulement avec lui-même, par la séparation de ses pouvoirs, que le gouvernement est en conflit ; c’est avec la société, par l’incomptabilité de ses attributions. Sans la distinction du législatif et de l’exécutif, le Gouvernement ne laisse aucune garantie à la liberté ; sans une déclaration de droits sociaux, il n’est que la force donnée pour sanction à la richesse contre la misère. Mais avec la séparation des pouvoirs, vous ouvrez la porte aux conflits, corruptions, coalitions, déchirements, compétitions ; avec la déclaration des droits, vous créez au pouvoir une fin de non-recevoir pour toutes ses décisions et ses actes : quoi que vous fassiez, la Constitution, qui devrait tout concilier, ne peut qu’organiser la discorde. La guerre civile est au fond de votre prétendu pacte social.
Est-il possible de trouver une issue à ce labyrinthe ? de passer, sans soubresaut, de la constitution politique à la constitution sociale ? J’ose l’affirmer. Mais j’avertis le lecteur