a plus ni exploiteurs ni exploités. L’organisation par l’État est un non-sens.
Art. 5. — Pour être appelées à jouir de la commandite de l’État, les associations ouvrières devraient être instituées d’après le principe d’une fraternelle solidarité, de manière à pouvoir acquérir un capital collectif, inaliénable et toujours grossissant : seul moyen d’arriver à tuer l’usure, grande ou petite, de faire que le capital ne fût plus un instrument de tyrannie, la possession des instruments de travail un privilége, le crédit une marchandise, le bien-être une exception, l’oisiveté un droit.
La solidarité, si elle se base sur autre chose que la mutualité, est la négation de la liberté individuelle : c’est le communisme, le gouvernement de l’homme par l’homme. Si elle a pour fondement la mutualité, elle n’a que faire de la commandite de l’État ; elle n’a pas même besoin d’association. L’association, telle que vous l’entendez, telle que vous la définissez d’après le code civil et le code de commerce, est encore une idée renouvelée de l’économie patriarcale, et qui, loin de tendre à se multiplier, tend au contraire à disparaître : là où les conditions du travail obligent d’y avoir recours, ce n’est pas une force, c’est une charge. Quant à l’usure et au crédit, comment pouvez-vous vous flatter de tuer la première, alors que vous stipulez des intérêts et des bénéfices ? et comment pouvez-vous dire que le second cessera d’être une marchandise, quand vous établissez un droit d’entrepôt ?
Art. 6. — En conséquence, toute association ouvrière voulant jouir de la commandite de l’État, serait tenue d’accepter, comme bases constitutives de son existence, les dispositions qui suivent :
Il n’appartient point à l’État de régler les conditions d’association des travailleurs. C’est détruire la liberté corporative, en même temps que la liberté individuelle ; c’est reproduire à la fois, sous une autre forme, et les entraves féodales à la liberté du commerce et de l’industrie, et les lois monarchiques contre les réunions et associations de citoyens. Au reste, voyons vos statuts :