gouvernement commença. La proposition Râteau, faisant suite à la sommation du président du conseil, dénonça les hostilités. L’incompatibilité d’humeur entre les pouvoirs n’attendait pas au trentième jour pour se dévoiler ; du même coup se manifesta plus ardente la haine mutuelle, instinctive, du peuple pour le gouvernement, du gouvernement pour le peuple. La journée du 29 janvier, dans laquelle on vit le gouvernement et la démocratie s’accuser l’un l’autre de conspiration et descendre dans la rue, prêts à se livrer bataille, ne fut probablement qu’une panique, effet de leur méfiance réciproque : ce qu’il y eut de plus clair en cette aventure, fut qu’entre la démocratie et le Président, de même qu’autrefois entre l’opposition et Louis-Philippe, la guerre s’agitait.
Le Peuple se signala entre tous dans la lutte. Nos premiers-Paris ressemblaient à des réquisitoires. Un ministre, M. Léon Faucher, revenant à son premier métier, avait la complaisance de nous donner la réplique : ses insertions au Moniteur, commentées par la presse républicaine, produisaient un effet monstre de colère et de pitié. Cet être bilieux, que le ciel a fait plus laid que sa caricature, et qui a la singulière manie de vouloir être pire que sa réputation, faisait plus à lui seul, contre le pouvoir qu’il représentait, que toutes les diatribes démocratiques et sociales. Si la patience avait pu tenir à la Montagne, et M. Léon Faucher au ministère trois mois de plus, les gamins de Paris auraient reconduit au fort de Ham Louis Bonaparte, et ses ministres à Charenton. Mais un tel succès n’était point réservé à la malignité journalistique ; la question sociale ne pouvait se vider à ce combat du ridicule : c’est un honneur pour elle.
Louis Bonaparte, devenu par la volonté du législateur et l’égoïsme de ses conseillers l’agent responsable d’une politique de réaction et de rancune, perdit en trois mois la