et de partout. Le motif de la résistance était simple et clair : la loi sur les clubs, l’expédition de Rome, les persécutions judiciaires, étaient une guerre faite à la République : était-ce aux républicains de fournir l’argent et les soldats ?...
Conçoit-on ce que pouvait être une résistance organisée dans les 37,000 communes de France ? Le parti démocratique comptait plus du tiers de la nation : cherchez donc des garnisaires et des gendarmes pour contraindre trois millions de contribuables ! Les paysans, de quelque opinion qu’ils fussent, n’auraient pas plus tôt entendu parler de refus de l’impôt, qu’avant de se déclarer, ils auraient commencé par ne plus payer ; la haine de l’impôt du sel, de celui sur les boissons et des 45 centimes, était une sûre garantie de leurs dispositions. Il serait arrivé dans les villes et les campagnes ce qui arrive à la Banque, à la Bourse et dans tout le monde financier et commercial, au moment des crises politiques : dans l’incertitude des événements, et afin de n’être pas dupe, chacun ajourne le plus qu’il peut ses payements. Le gouvernement eût-il voulu user de rigueur ? Les poursuites n’auraient fait que souffler le feu. D’un seul coup, sans conflit, sans effusion de sang, notre système si compliqué d’impôt était renversé, et force était de le changer de fond en comble ; la conscription abolie, la réforme hypothécaire et les institutions de crédit conquises. Le peuple appelé à voter lui-même l’impôt, le socialisme, par cette résolution de la minorité, devenait une loi de nécessité, et entrait dans la pratique même de l’État.
Il ne faut qu’un peu de connaissance du peuple et de la machine gouvernementale pour comprendre ce qu’un pareil système d’opposition, solennellement annoncé, énergiquement soutenu, avait d’irrésistible, surtout après les élections du 13 mai. Le parti démocratique fut seul à le trouver mesquin, impraticable, impossible. On parla de mobiliers saisis, vendus à l’encan, de paysans effrayés de-