vant les porteurs de contraintes ! Les feuilles les plus avancées, les plus furibondes, s’étonnèrent de cette politique inconcevable, de cette tactique de procureur, comme elles disaient. Elles tremblaient à l’idée d’exposer le peuple à la garnison collective ! Les plus bienveillants trouvaient la résolution imprudente, hasardeuse, surtout antigouvernementale. Si le peuple, disaient-ils, se refuse une fois à payer l’impôt, il ne le payera jamais plus, et le gouvernement sera impossible ! Si l’on apprend aux citoyens à se scinder, si on renouvelle, à propos d’un conflit parlementaire, l’histoire du peuple romain sur le Mont-Sacré, bientôt les départements, les provinces se sépareront les unes des autres ; la centralisation sera attaquée de toutes parts ; nous tomberons dans le fédéralisme : il n’y aura plus d’Autorité ! C’est toujours le gouvernement qui préoccupe les jacobins. Il leur faut le gouvernement, et avec le gouvernement, un budget, des fonds secrets, le plus possible. Bref, la contre-révolution fut admirablement défendue par les organes de la révolution ; les jacobins, qui détestèrent tant la Gironde, parce qu’elle réclamait contre le despotisme central, au nom des libertés locales, parlèrent pour les doctrinaires. Le Peuple recueillit de son initiative cinq ans de prison et 10,000 fr. d’amende, et le Constitutionnel, riant sous cape, n’eut qu’à garder le silence.
Quelle leçon pour moi ! quelle pitoyable chute ! Comme j’avais mal jugé mes contemporains, conservateurs et amis de l’ordre jusqu’à la moelle des os ! Comme je connaissais peu nos prétendus révolutionnaires, gens de pouvoir et d’intrigue, qui de la République fondée en 92 ne comprenaient que le comité de salut public et la police de Robespierre ! Et c’étaient là les rouges qui mettaient en fureur Léon Faucher ! c’étaient là les prétendus terroristes dont le gouvernement de Louis Bonaparte faisait un épouvantail ! Calomnie !