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Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/341

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dans toutes les bouches, sa foi dans tous les cœurs. Pour que l’absolutisme se relève jamais, il ne suffit plus qu’il réduise les hommes, il faut encore, comme le veut Montalembert, qu’il fasse la guerre aux idées. Perdre les âmes avec les corps, voilà le sens de l’expédition de Rome, voilà l’esprit du gouvernement ecclésiastique, auquel est venu, mais trop tard pour leur salut commun, se joindre le bras séculier.

C’est cette confusion des partis, cette mort du pouvoir, que nous a révélée Louis Bonaparte. Et, de même que le grand prêtre chez les Juifs, Louis Bonaparte a été prophète : La France m’a élu, dit-il, parce que je ne suis d’aucun parti ! Oui, la France l’a élu, parce qu’elle ne veut plus qu’on la gouverne. Pour faire un homme il faut un corps et une âme ; de même, pour faire un gouvernement il faut un parti et un principe. Or, il n’y a plus ni partis ni principes : c’en est fait du gouvernement.

C’est ce que le peuple de Février dénonça lui-même, lorsque, réunissant deux dénominations en une seule, il commanda, de son autorité souveraine, la fusion des deux partis qui exprimaient d’une manière plus spéciale le mouvement et la tendance révolutionnaire, et qu’il nomma la République démocratique et sociale.

Or si, d’après le vœu du peuple, la démocratie de toute nuance et le socialisme de toute école devaient disparaître et ne faire qu’un, l’absolutisme et le constitutionnalisme devaient également disparaître et ne faire qu’un. C’est ce que les organes de la démocratie socialiste exprimèrent, quand ils dirent qu’il n’y avait plus en France que deux partis, le parti du Travail et le parti du Capital ; définition qui fut acceptée immédiatement par les deux partis réactionnaires, et servit par toute la France de mot d’ordre aux élections du 13 mai.

Les réfugiés de Londres ont agi d’après la même pensée,