lorsqu’ils ont fait connaître leur intention de ne se point constituer devant la Haute-Cour. Le 13 juin avait été franchie une des grandes étapes révolutionnaires. Le Pouvoir était tombé avec le dernier parti qui eût encore quelque vigueur : à quoi bon venir rendre compte, devant la France nouvelle, des manifestations d’un autre temps ? La déclaration de Londres est la démission du parti jacobin. Des ombres luttant contre des ombres pour une ombre d’autorité ! Voilà, Ledru-Rollin et ses amis l’ont parfaitement compris, tout ce qu’eût été, par leur présence, le procès de Versailles. Prenons garde, républicains, en faisant de l’agitation rétrospective, de faire encore de la contre-révolution !
Et puisque je dois rendre compte ici de mes moindres paroles, c’est encore la même idée, la même nécessité de transformation politique et sociale, qui a motivé ma conduite lors des dernières élections (juillet 1849).
J’ai décliné la candidature qui m’était offerte, parce que la liste où figurait mon nom n’était plus dans le sens de la situation ; parce que l’esprit qui avait dicté cette liste tendait à perpétuer les anciennes classifications, alors qu’il fallait protester contre elles ; parce que la routine démocratique, le vieux jacobinisme, dont le peuple est depuis soixante ans la dupe et la victime, ayant consommé le 13 juin son long suicide, je ne voulais pas le ressusciter.
D’accord avec mes compagnons de captivité, j’ai proposé une liste, qui, écartant les considérations de personnes, ne tenant aucun compte des nuances d’opinions, fidèle à la politique de fusion proclamée par le peuple, même le lendemain de février, exprimait mieux, selon moi, la pensée de la France républicaine et le besoin du moment. Publiée le mardi, cette liste pouvait, si on l’eût voulu, rallier toute la démocratie. On lui reprocha d’arriver trop tard. La queue démagogique se tortillait encore ; mes conseils n’étaient pas de saison. Sommé de retirer ma liste, — je dis mienne,