des consciences !) qu’ils vont à la messe et fréquentent les sacrements. Ah ! que les jésuites nous connaissent bien, et qu’ils ont raison, pendant que la fortune les y autorise, de nous donner les étrivières !...
Où la critique de l’autorité fut-elle jamais plus vive, plus maligne, que dans ce pays de ligues, de frondes, de parlements, de cabales ! Mais, de même que notre incrédulité, notre opposition ne traverse pas la conscience ; elle s’arrête à la superficie de l’esprit. Nous seuls pouvions donner à la révolte cette expression féroce, dont il n’est chef de brigands qui osât revendiquer l’idée :
Serrons le cou du dernier roi.
Ne vous effrayez pas cependant. Ces buveurs de sang monarchique, ces mangeurs de tripes sacerdotales sont moins méchants qu’artistes, pareils à des écoliers qui chantent des couplets obscènes et s’aguerrissent contre la pudeur, quittes à quarante ans à faire les plus sots maris du monde. Ce qui leur plaît, c’est l’image : l’exécution leur ferait horreur. Quelle peine ils ont eue à condamner Louis XVI, traître à la patrie comme roi et comme homme, et combien ils l’ont pleuré ! L’autorité constituée, voilà le fond de leur républicanisme. Cela se voit aujourd’hui que le parti démocratique, en prison, en exil, à la tribune, ne conserve qu’un souci, de protester, comme en 93, en faveur de l’ordre et du gouvernement. Quant à la liberté, que nous mettons dans tous nos programmes, et qui n’a pas encore chez nous de légende, nous ne l’aimons, comme disent les petites filles, ni peu, ni beaucoup, ni passionnément, ni pas du tout ; nous l’aimons d’estime, modérément. La modération, en fait de liberté, est notre passion. La licence nous revient mieux. La liberté, pour nous, est la chaste Virginie, que nous admirons dans le roman, au