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Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/374

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IV.


Tradition gouvernementale.

Religion tolérante, gouvernement tempéré : double illusion, que le plus rapide examen suffit à dissiper.

En 89, la nation se déclare souveraine et prend le pas sur la royauté. Le droit divin est aboli, le veto enlevé au prince, à qui une Constitution précise trace ses droits et ses devoirs.

Que signifie tout cela ? c’est évidemment que la nation entend se gouverner elle-même, qu’elle n’admet d’autorité que celle de sa propre majorité : ce qui implique, comme Bossuet et Rousseau l’ont prouvé, et comme l’histoire le démontre, qu’en affirmant la souveraineté du Peuple, elle nie le principe même de la souveraineté.

Ainsi, l’incompatibilité du juste-milieu économique avec le principe gouvernemental était au fond de la déclaration de 89 : toutefois, par cet esprit de transaction auquel nous la trouverons toujours fidèle, la Nation législatrice ne supprime point de prime-abord l’autorité. Partant de l’hypothèse, généralement admise, de la nécessité d’un gouvernement pour maintenir l’ordre dans la société, elle essaie de concilier l’ancienne forme monarchique avec le régime inauguré par la révolution, l’orgueil royal avec la dignité populaire.

Mais on s’aperçoit bientôt que la prétendue Constitution ne donne qu’un équilibre instable : le 10 août, la transaction est déchirée. Toutefois le préjugé ne pouvait être sitôt vaincu : la Convention, au lieu d’abandonner la chimère constitutionnelle, accuse le monarque des erreurs du contrat, et l’envoie à l’échafaud. Puis elle enfante le premier essai de Gouvernement direct, la Constitution de 93. Mais le Gouvernement direct, dans le sens vulgaire du mot, est impraticable : on s’est avancé trop ou trop peu ; et comme