tionnaires, les plus anti-républicains. La démocratie a pu se convaincre, par la plus triste des expériences, que plus on descend dans les couches sociales, plus on trouve les idées rétrogrades, et que, comme la France du xixe siècle est incontestablement plus avancée que celle de Charlemagne, de même il était facile de prévoir que les prolétaires de 1848 ne vaudraient pas, à beaucoup près, comme électeurs, les censitaires de Louis-Philippe. Maintenant la République, livrée par l’incompétence des masses aux royalistes et aux jésuites, fait la guerre à ses alliées, se coalise avec les despotes ; le Gouvernement issu d’une Constitution démocratique, désarme les citoyens, décime les électeurs, casse les municipalités, met le souverain en état de siége, et sur les ruines du suffrage universel travaille à élever un pouvoir irresponsable et héréditaire. L’irruption des masses, brusquement appelées, a fait de la société un monstre incompréhensible, une chose sans nom. L’Église, modeste encore avant février, l’Église qui n’existe que par la tolérance de l’État, a ressaisi sur le temporel sa prépondérance, et s’est aussitôt montrée anti-libérale et persécutrice. L’État, prenant en horreur son principe et son mandat, semble avoir juré l’extermination de la démocratie, et dépasse en arbitraire tout ce qu’on avait vu. La propriété dépréciée, écrasée sous l’hypothèque, l’industrie ruinée par le capital et le chômage, le travail pressuré par l’impôt et sans lendemain, tous les prix avilis : la condition du Peuple est plus loin que jamais du juste-milieu et de la sécurité.
Que faire donc ? que résoudre, et surtout qu’espérer ? Un tel état de choses, sorti de la terreur socialiste et du conflit des factions, n’est pas tenable ; il pèse à ceux-là même qui en ont assumé la responsabilité, et l’un des plus curieux arguments du parti royaliste contre le régime républicain, est la nécessité de sortir au plus tôt de cette situation révolutionnaire, et de rentrer dans le courant paisible de la monar-