Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/386

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Comme Richelieu avait frappé la féodalité, ainsi la Révolution a frappé, en 1848, l’autorité.

L’autorité, c’est l’Église, l’État, le Capital.

Malheureusement, la Révolution, trop jeune pour agir, s’est donné pour tuteurs un conseil de Mazarins. Aussitôt l’autorité, déjà couchée sur son lit de mort, a remué la tête ! elle parle encore, elle règne, et depuis quatre ans nous voici retombés en pleine Fronde. Quelle occasion, pour l’idée décrépite, de se restaurer, s’il lui restait la moindre force vivace ! Mais les vieux partis ne sauraient s’entendre ; la solution leur échappe, ils sont impuissants. Demain vous les verrez offrir leurs services. Le jacobinisme se convertit ; le césarisme fléchit ; les prétendants à la royauté tâchent de se rendre populaires ; l’Église, comme une vieille pécheresse entre la vie et la mort, demande la réconciliation. Le grand Pan est mort ! Les dieux sont partis ; les rois s’en vont ; le privilége s’efface ; tout le monde se classe parmi les ouvriers. Tandis que le goût du bien-être et de l’élégance arrache la multitude au sans-culotisme, l’aristocratie, effrayée de son petit nombre, cherche son salut dans les rangs de la petite bourgeoisie. La France, accusant de plus en plus son véritable caractère, donne le branle au monde, et la Révolution apparaît triomphante, incarnée dans la classe moyenne.


P.-J. Proudhon................................


Ste-Pélagie, octobre 1851.