et saltimbanque mitré. Où donnait-on des fêtes aux infâmes princes étrangers ? Aux châteaux des royalistes ? non : à la Malmaison, chez l’impératrice Joséphine. » (Mémoires d’Outre-Tombe.)
La monarchie de 1790 avait été acclamée par le peuple, la République acclamée par le peuple, l’Empire acclamé par le peuple ; la Restauration fut, à son tour, acclamée par le peuple. Cette nouvelle apostasie, que le préjugé fatal du gouvernement rend seul excusable, ne pouvait demeurer impunie. Avec le roi légitime ce fut pis encore qu’avec l’usurpateur. La Restauration, se prenant au sérieux, se mit aussitôt en devoir de restaurer tout ce que la Révolution avait aboli ou cru abolir : droits féodaux, droit divin, droit d’aînesse ; — et de supprimer tout ce que la Révolution avait établi : liberté de conscience, liberté de la tribune, liberté de la presse, égalité devant l’impôt, égale participation aux emplois, etc. La Révolution est mise par la Restauration en état de siège : on revendique les biens nationaux ; on forme, sous le nom de Sainte-Alliance, un pacte avec le despotisme étranger ; on envoie une armée, dite de la Foi, combattre la Révolution en Espagne. Le gouvernement légitime suivait, le plus logiquement du monde, son principe. Bref, la légitimité fit tant et si bien, qu’un jour elle se trouva, par mégarde, hors la loi. Paris alors dressa ses barricades : le roi chevalier fut chassé, et tous les siens bannis hors du royaume. Or, je vous le demande, sur qui devait tomber la responsabilité de cet étrange dénoûment ? Qui donc avait fait ce pouvoir ? qui avait acclamé la Restauration, embrassé les alliés, reçu la Charte avec bonheur ? Quand nous eussions dû mourir de honte, si une nation avait de la pudeur et si elle pouvait mourir, un monument s’élevait, une fête anniversaire était instituée pour la célébration des glorieuses journées de Juillet, et nous nous remettions de plus belle à organiser le pouvoir !