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Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/78

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publique éprouva-t-il encore moins de contradictions que celui de Louis-Philippe, tant on commençait à avoir l’intelligence des temps et des révolutions !

C’est à présent que je réclame toute l’attention de mes lecteurs ; car, si la leçon ne nous profite pas, il est inutile de nous occuper davantage de la chose publique. Laissons les nations aller en dérive : que chacun de nous achète une carabine, un couteau-poignard, des pistolets, et barricade sa porte. La société n’est qu’une vaine utopie : l’état naturel de l’homme, l’état légal, c’est la guerre.

Le gouvernement du travail !… Ah ! celui-là sera un gouvernement d’initiative, sans doute, un gouvernement de progrès et d’intelligence !…

Mais qu’est-ce que le gouvernement du travail ? Le travail peut-il devenir gouvernement ? Le travail peut-il gouverner ou être gouverné ? Qu’y a-t-il de commun entre le travail et le pouvoir ?

Une pareille question, nul ne l’avait prévue : n’importe. Entraîné par le préjugé gouvernemental, le peuple n’eut rien de plus pressé que de se refaire tout d’abord un gouvernement. Le pouvoir, tombé dans ses mains laborieuses, fut incontinent remis par lui à un certain nombre d’hommes de son choix, chargés de fonder la République, et de résoudre, avec le problème politique, le problème social, le problème du prolétariat. — Nous vous donnons trois mois, leur dit-il, et, toujours sublime en sa naïveté, toujours tendre dans son héroïsme, il ajouta : Nous avons trois mois de misère au service de la République ! L’antiquité et la Révolution de 92 n’ont rien de comparable à ce cri parti des entrailles du peuple de février.

Les hommes choisis par le peuple, installés à l’Hôtel-de-ville, furent appelés Gouvernement provisoire, ce qu’il faut traduire gouvernement sans idée, sans but. Ceux qui, depuis dix-huit ans, regardant avec impatience le dévelop-