Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/82

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nale et à la société des Jacobins le pouvoir d’établir un nouveau culte, que cette tentative ne pouvait aboutir qu’à fortifier l’ancien. Le culte était chose organique en France quand la Révolution éclata ; et si, par le progrès de la philosophie, on pouvait alors proclamer le droit de s’abstenir, si l’on peut prédire aujourd’hui l’extinction ou la transformation prochaine du catholicisme, on n’était point autorisé dès lors à l’abroger. Le concordat de 1802 ne fut point, quoi qu’on ait dit, un fait de réaction consulaire ; ce fut une simple réparation exigée par l’immense majorité du peuple à la suite des vaines parades d’Hébert et Robespierre. — Je crois encore, et sur les mêmes considérations, qu’il appartenait à la Chambre de 1830 d’assurer par la Charte la liberté, le respect et le salaire de tous les cultes ; je ne répondrais pas qu’il lui fût permis, en maintenant le principe monarchique, de dire que la religion catholique n’était qu’une religion de majorité. Certes, je n’appuierais point aujourd’hui la révision, dans le sens que j’indique, de l’article 7 de la Constitution de 1848 : ce qui est accompli, quoi qu’il ait coûté, est accompli, et je le tiens irrévocable. On pouvait faire mieux et plus pour l’émancipation de la conscience humaine ; mais je n’eusse point voté l’article 6 de la Charte de 1830.

Ces exemples suffisent à expliquer ma pensée. Une révolution est une explosion de la force organique, une évolution de la société du dedans au dehors ; elle n’est légitime qu’autant qu’elle est spontanée, pacifique et traditionnelle. Il y a tyrannie égale à la réprimer comme à lui faire violence.

L’organisation du travail, dont on sollicitait, après février, le Gouvernement provisoire de prendre l’initiative, touchait à la propriété, et, par suite, au mariage et à la famille ; elle impliquait même, dans les termes où elle était posée, une abolition, ou si l’on aime mieux, un rachat de la propriété. Les socialistes qui, après tant de travaux sur la matière, s’opiniâtrent à le nier, ou qui déplorent que