Les gros ne s’associent qu’entre eux. Comme tout gain, entre joueurs et filous, suppose une perte, il faut bien que quelqu’un paye. Ce quelqu’un ne sera pas la haute pègre !…
Elle a bien ses protégés. Comment refuser de prévenir son portier, son laquais, son cireur, ses amis, ses maîtresses, son médecin, son journaliste, ses pensionnaires, ses pauvres, du moment favorable ? dévoués clients dont il est bon d’entretenir le zèle, et qui rendent tant de services par leurs bavardages !… Nous en trouvons dans l’Almanach de la Bourse pour 1857 un exemple par trop naïf pour que nous nous privions du plaisir de le rapporter à notre tour.
« On n’a connu qu’après la mort de M. Laffitte, et encore par la noble indiscrétion de ses obligés, les nombreuses infortunes qu’il secourait dans l’ombre. M. Mirès suit de près cette tradition. Que d’écrivains furent agréablement surpris en recevant par la poste cette riche nouvelle :
« Monsieur, j’ai l’honneur de vous prévenir que je vous ai accordé… actions dans une entreprise de…, et que je les ai vendues d’après vos ordres. Veuillez donc, je vous prie, passer à ma caisse pour y toucher vos différences qui s’élèvent à… »
« Une foule de traits d’aussi bon goût ont assuré à M. Mirès tant d’amis dévoués dans la presse et dans les arts, que leur gratitude impose silence aux clameurs de l’envie. »
Quand M. Mirès, qui prend aujourd’hui avec une dignité si comique la défense du financier austère contre le spéculateur nécessiteux, fait de ces envois aux gens de lettres qui cultivent son intimité, est-ce une leçon de morale, de désintéressement, de vertu civique qu’il leur donne ? Lui, entrepreneur de tant de commandites, bonnes et mauvaises, serait-il de force à justifier sa conduite ? Comment ! vous êtes promoteur, entrepreneur, directeur et principal commanditaire d’une société par actions ; et quand ces actions, chauffées par vos journaux, offrent une prime de 50 fr., vous vous permettez de les vendre !
Vous n’êtes donc pas un entrepreneur !
Vous n’êtes donc pas un commanditaire sérieux !
Et comme directeur et administrateur de la compagnie, vous manquez à votre devoir.
Or, puisque vous n’êtes plus un nécessiteux, et qu’il est