Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/154

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impossible de reconnaître en vous le financier probe, austère, que vous recommandez, pour une autre fois, à la justice dramatique de M. Dumas, qu’êtes-vous donc, monsieur Mirès ?

La conclusion est claire. Aux grands artistes de la Bourse comme à ceux de l’Opéra, il faut une clique et une claque qui fasse taire la critique et mette le spéculateur en rut ; et l’auteur de l’anecdote, M. P. de F. eût pu faire son métier d’une façon un peu moins sotte. Mais la pièce jouée, au diable la philanthropie : s’il fallait entretenir tout le fretin, où serait le profit ? Aussi rien à espérer pour les imprudents en cas de déconfiture, ainsi que nous l’enseigne l’apologue populaire.

La Coulisse, ayant monté
En pleine sécurité,
Se trouva fort dépourvue
Quand la baisse fut venue.
Pas d’argent, plus de crédit,
Pour payer point de répit.
Elle alla crier famine
Chez la Banque, sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelques sous pour tripoter
Jusqu’à la hausse nouvelle.
— Je vous pairai, lui dit-elle,
Fin prochain, délai légal,
Intérêt et principal.
La Banque n’est pas prêteuse :
C’est là son moindre défaut.
— Que faisiez-vous au temps haut ?
Dit-elle à cette enprunteuse.
— Chaque jour, à tout venant
J’achetais, ne vous déplaise.
— Vous achetiez, j’en suis aise ;
Eh bien ! vendez maintenant.