Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

contre 58, la stupidité des actionnaires ne manquant jamais de se montrer à la hauteur de l’effronterie des directeurs. Si l’affaire n’aboutit pas, ce sera par suite du refus de l’empereur d’Autriche d’y donner son approbation.

Le Journal des Chemins de fer dit encore à ce sujet :

Le système de la capitalisation des parts de fondateurs n’est pas absolument nouveau : il a déjà été pratiqué en France, dans la Société du chemin de fer de Saint-Germain. Mais du moins ce n’était pas à l’origine de la Société, quelques mois après l’organisation, avant l’achèvement de la ligne, ni enfin avant que le capital social eût été réalisé.

« Du reste, le motif essentiel qui nous porte à considérer ce système comme défavorable aux véritables intérêts des sociétés industrielles, c’est qu’il rompt le lien entre les actionnaires et les fondateurs, et qu’ainsi le principe constitutif de l’association est vicié. »

Il s’agit vraiment bien d’association et de lien d’intérêts ! L’affaire des fondateurs-administrateurs est de lancer l’entreprise, d’escompter en quelques mois ce qu’elle peut rendre en un siècle, ce qu’elle ne rendra peut-être jamais ; puis de courir à une nouvelle curée. Et tout le monde de dire : J’en ferais autant !

Toutes les actions ne présentent pas aux spéculateurs-fondateurs la ressource des marchés d’entrepreneurs, ou des réalisations immédiates, il fallait trouver une nouvelle rubrique : elle ne tarda pas à se produire, ce fut la vente à prime des actions.

« La société étant formée, les fondateurs se réservent le plus grand nombre d’actions. Celles qui sont délivrées aux souscripteurs ne doivent servir qu’à faire connaître le titre sur la place. Les moyens de publicité sont cependant disposés comme s’il s’agissait de placer d’abord tout le capital, souvent même il suffirait à un placement double ou triple : c’est ce qu’on appelle lancer l’affaire. Les demandes viennent de toutes parts ; plus elles sont abondantes, mieux l’affaire se dessine. Cependant les fondateurs, constitués de fait en société particulière, sous le nom de syndicat, mettent à part les actions qu’ils se réservent, font une répartition des actions disponibles au prorata des demandes, de telle sorte que celui