lement en une seule année, en leur qualité de directeurs de la compagnie de transport : situation impossible, dont nous ne doutons pas que ne sache triompher leur délicatesse ;
D’autre part, il est indubitable que leur but a été, en outre, d’écraser la concurrence de la voie navigable, en même temps de faire valoir leur ligne par une augmentation à tout prix du trafic, conséquemment de soutenir artificiellement la hausse des actions : tous motifs qu’une saine morale réprouve, mais que, dans l’état actuel des choses, la conscience publique tolère, et qui ne seront reprochés par personne.
En toute hypothèse, n’est-il pas clair que MM. de Rothschild et consorts ont entre les mains les moyens, ici de bénéficier aux dépens du tiers et du quart, là de jouer à coup sûr, et que s’ils n’en usent pas, c’est pure et gratuite vertu de leur part, pitié pour l’imbécillité publique ?
C’est encore M. Mirès qui signale les fraudes suivantes, dans un article intitulé : Conseils aux actionnaires :
« Parfois les administrateurs, ceux des compagnies pauvres surtout, cherchent à prolonger l’illusion produite par un accroissement de recettes obtenu à force de réductions sur les tarifs, en ajournant ou réduisant les dépenses nécessaires pour le bon entretien de la voie et du matériel. Ce système est funeste à la fortune des compagnies. Les ménagères ont coutume de dire qu’un point de reprise fait à propos en épargne neuf plus tard. Cette maxime est tout aussi juste pour l’entretien des chemins de fer que pour celui des vieilles jupes. Un chemin, mal ou insuffisamment entretenu, détruit rapidement le matériel et se détériore lui-même au point d’exiger, au bout de peu d’années, un renouvellement presque complet de ses parties essentielles. Le dommage est plus grand encore pour le matériel roulant. Non-seulement il perd de sa valeur comme capital, mais il cesse de rendre les services pour lesquels il a été construit. Une machine mal entretenue perd de sa puissance motrice ; il ne faut que quelques mois de négligence et d’abandon pour réduire de 50 0/0 son effet utile : de telle sorte que, pour avoir voulu économiser quelques centaines de francs, on se trouve bientôt dans la nécessité d’employer deux machines au lieu d’une pour obtenir le même résultat.
« La propriété de la compagnie ne subit donc pas seulement une perte considérable sur son capital ; mais l’exploitation devient en définitive plus coûteuse, avec ce système de fausse économie,