Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/183

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que si les dépenses d’un entretien complet eussent été faites en temps opportun. »

« Un point important, c’est la clôture définitive du Compte de Capital. Dans beaucoup de compagnies, ce compte est resté ouvert en permanence, bien que l’établissement des chemins de fer qu’elles exploitent soit terminé depuis longtemps. Ce système de comptabilité permet aux administrateurs d’imputer continuellement sur le Compte de Capital toutes les dépenses d’amélioration que les progrès de la science et les développements du trafic font successivement juger nécessaires. On ne se borne même pas là : certaines dépenses d’entretien, qui devraient rester au débit du Compte d’Exploitation, en sont distraites et ajoutées au capital, afin de permettre des distributions de dividendes qui entretiennent la confiance des actionnaires et trompent le public sur la valeur des entreprises. On ne saurait condamner trop sévèrement de pareilles opérations, et réclamer avec trop d’insistance la clôture définitive du Compte de Capital. La facilité avec laquelle les grandes compagnies trouvent de l’argent, au moyen d’emprunts privilégiés dont le service prime le payement de tout intérêt aux actionnaires, est la source du mal[1]. »

C’est le cas de toutes les compagnies de chemins de fer sans exception. Le renouvellement des rails et des traverses, sur les lignes d’Orléans et du Nord, est imputé, en tout ou en partie, au Compte de premier Établissement, exécuté à l’aide d’emprunts : parce que sur les Comptes d’Exploitation antérieurs, on n’a pas fait de réserve ; parce qu’on a distribué le bénéfice brut au lieu du produit net ; parce qu’il fallait pousser à la hausse par de gros dividendes, afin de donner aux fondateurs-écumeurs le moyen de tripler leur mise de fonds.

Nous passons sous silence les intrigues, les fraudes et mystifications de toute espèce qui se pratiquent tant dans les administrations des compagnies, que dans les comptes rendus et la tenue des assemblées elles-mêmes.

« La masse du public, dit la Revue d’Édimbourg, qui ne jette jamais les yeux sur un journal de chemin de fer, et qui a soin de

  1. Voir encore, sur le même sujet, l’ouvrage cité plus haut, Des Réformes à opérer dans l’Exploitation des Chemins de fer, passim.