Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/200

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nistre des finances que le banquier le plus puissant et le plus habile dans ces sortes d’opérations perdît 25 millions ou en gagnât 11. M. Goudchaux a préféré le deuxième terme de cette alternative ;mais un ministre plus méticuleux, plus timoré, aurait pu craindre d’imposer un sacrifice de tant de millions au Trésor, et alors par quelle perte ne se soldait pas la soumission, d’abord si avantageuse, du 10 novembre ! »

Mais d’où vient que les titres d’une rente, si exactement et si chèrement payée, ne sont pas toujours en hausse ? Comment peuvent-ils tomber à 50 0/0 au-dessous de leur valeur ? — Laissons de côté les prétextes, et venons au fait. Le fait est que quand il s’agit dans un gouvernement d’emprunter 100 millions, la concurrence est impossible et le taux légal impraticable. L’usure est maîtresse de la position, et la loi forcée de s’incliner respectueusement. Le résultat de l’emprunt national, ainsi que nous venons de le faire remarquer, le démontre péremptoirement.

Un gouvernement qui emprunte raisonne comme un particulier ; c’est un remède à la gêne du moment. Il s’en empare donc, parce qu’avant tout il faut sortir d’embarras ; mais il a la ferme résolution d’éteindre ses dettes par une rigoureuse économie. L’ouvrier prend un livret à la Caisse d’épargne ; le négociant se crée un fonds de réserve ; le gouvernement institue une Caisse d’amortissement.

La Caisse d’amortissement, dont la première idée remonte au consulat, fut organisée par la loi du 2 avril 1816, afin de racheter les rentes créées par les emprunts successifs. Sa dotation, fixée d’abord à 20 millions, fut portée à 40 par la loi du 23 mars 1817, qui y affecta en outre le produit des forêts de l’État. Elle est aujourd’hui de 75,018,903 fr. Les rentes rachetées par l’amortissement continuent de lui être servies jusqu’à ce qu’une loi en ait prononcé la radiation. La loi du 1er mars 1825 défendit d’amortir au-dessus du pair ; celle du 19 juin 1833 ordonna qu’à l’avenir tout emprunt serait doté d’un fonds d’amortissement qui ne pourrait être moindre de 1 0/0 du capital nominal des rentes créées.

Afin de donner à l’institution un caractère tout à fait sérieux, elle fut placée sous la surveillance d’une commission