Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/231

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Nous ne dirons rien de la société en nom collectif, dont les membres sont autant de patrons intéressés au même titre. Les tiers n’ont rien à voir ce qui se passe chez eux.

Dans la commandite, le gérant est de droit le maître de la maison, malgré les prescriptions de la nouvelle loi. Dans la société anonyme, les administrateurs sont des délégués révocables, dont les pouvoirs et les attributions émanent de l’assemblée générale.

« La commandite est une monarchie tempérée, dit M. Troplong ; la société anonyme est une véritable république élective. »

Ajoutons : Avec les empiétements traditionnels des deux espèces de gouvernement : envahissement de l’exécutif sur le législatif ; — asservissement de l’électeur par l’élu.

Il serait difficile de dire lequel des deux régimes vaut le mieux pour l’actionnaire. Sous l’un comme sous l’autre, il est la plèbe taillable et corvéable à merci et miséricorde.

L’usage, sans s’inquiéter des distinctions des légistes sur une question non élucidée, réserve la société anonyme aux grandes entreprises, aux grosses mises de fonds, et la commandite aux affaires moins importantes.

Il y a des commandites où le gérant n’apporte rien, ni en numéraire, ni en matériel. L’acte de société alors est généralement rédigé de façon à ne lui laisser que l’exécution des mesures dictées par un conseil de surveillance remplissant en réalité les fonctions d’administrateur, sans souci de la responsabilité qui incombe à une pareille immixtion.

Le gérant peut toujours, il est vrai, s’affranchir d’une pareille tutelle : le Code l’y autorise. Mais ni actionnaire ni gérant ne connaissent le Code ; et, sauf le cas de mauvaise foi, la commandite continue de cheminer avec une organisation empruntée à la société anonyme.

Aussi la nouvelle loi a-t-elle voulu parer à cet inconvénient en augmentant les pouvoirs et la responsabilité du conseil de surveillance, et en faisant intervenir les assemblées générales.

Il faut qu’un commanditaire soit bien malheureux pour envier le sort d’un actionnaire de compagnie anonyme. C’est