Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quider. C’est ce que paraît avoir compris le gouvernement. Une loi, rendue le 26 mai 1853, porte :

« Art. 1er. Les Comptoirs et Sous-Comptoirs d’escompte pourront être établis ou prorogés avec les droits énoncés dans les articles 9 et 40 du décret du 23 août 1848, mais sans aucun recours ni aucune garantie de la part de l’État, des départements et des communes. »

À la bonne heure ! mais puisque le Corps législatif était en si beau chemin, qu’avait-il à faire de réserver à l’État, qui ne garantit rien, le droit de vie et de mort sur les Comptoirs ?

« Art. 2. Des décrets impériaux, rendus sur la proposition du ministre des finances, le Conseil d’État entendu, statueront sur l’établissement et la prorogation des Comptoirs et Sous-Comptoirs d’escompte, et sur la modification de leurs statuts. »

Ou garantissez les Comptoirs, ou laissez leur faire ce qu’ils voudront. Il est absurde, en pareille matière, de vouloir régenter sans financer.

Le 25 juillet 1854, un décret impérial reconstitua le Comptoir pour trente ans, à partir du 18 mars 1857. Les garanties de la Ville et de l’État étant supprimées, le capital se trouvait réduit à 20 millions ; le décret précité autorisa la Compagnie à l’élever à 40, et par décision du 21 février 1856, l’assemblée générale autorisa la direction à émettre 40,000 actions nouvelles au cours de 550 fr.

Ce qui manque en France, c’est, répétons-le, l’esprit d’initiative. Nul ne se dit en temps de crise : « C’est à nous de nous tirer d’embarras ; » ni en temps de calme : « Nous devons nous conduire nous-mêmes. » Chacun a les yeux fixés sur l’État, attendant son salut d’en haut et l’ordre du jour du gouvernement.

Certes l’occasion ne fut jamais plus belle qu’en 1848, pour l’industrie, l’agriculture et le commerce, de s’affranchir du patronage de l’État et de la finance. Les banquiers désertaient la place ; la Banque de France était menacée de liquider. C’était aux chambres de commerce de prendre la direction du mouvement. Elles n’avaient qu’à dire aux producteurs : « Tout