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Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/27

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fonds de la compagnie, sans cesser de fonctionner dans d’autres entreprises comme capital, pouvaient, comme enjeu d’une opération aléatoire, rendre 50, 100 et 150 0/0 de bénéfice net annuel. — Spéculation.

On connaît l’histoire de ce fabricant de chapeaux de paille d’Italie, qui offrit 10,000 fr. à une femme de chambre de l’impératrice Joséphine, si elle parvenait à faire porter par sa maîtresse un de ses chapeaux. La mode en effet ne tarda pas à s’en répandre parmi toutes les dames de la capitale, et fit la fortune de l’industriel. — Spéculation.

Un ingénieur se dit que s’il trouvait le moyen de réduire de 4 kilogrammes à 1, par heure et force de cheval, la dépense du combustible dans les machines à vapeur, ce serait comme s’il avait découvert une mine de houille dont la richesse exploitable serait égale à la quantité de charbon qui se fût consommée, en plus de 1 kilogramme par heure et force de cheval, dans toutes les machines à vapeur. Il dépense un million en études et essais : réussira-t-il ? ne réussira-t-il pas ? Si oui, sa fortune peut être décuplée : si non, il perd tout. — Spéculation.

Dans tous ces exemples, la Spéculation est éminemment productive, non-seulement pour le spéculateur, mais pour le public, qui participe aux résultats.

Le contrat à la grosse est productif, puisque, s’il ne se trouvait personne pour courir le risque de mer, il n’y aurait pas de commerce maritime.

L’assurance est productive, puisqu’elle fait disparaître presque en entier les dangers de l’incendie en les distribuant sur un très-grand nombre de propriétés.

Le pot-de-vin payé à une femme de la cour a été productif (nous ne parlons pas en ce moment du côté moral de la spéculation, nous y viendrons tout à l’heure), puisqu’il a causé un surcroît de production dans l’industrie des chapeaux.

L’ingénieur-mécanicien serait producteur s’il parvenait à réaliser sa pensée ; il produirait trois fois autant que l’industrie minière, puisqu’il réaliserait une économie de combustible égale, en ce qui concerne les machines, aux trois quarts de la consommation.