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Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/282

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pôts en comptes courants. La Société place ou prête d’un côté ce qu’elle emprunte de l’autre, jouant ainsi le rôle d’un intermédiaire entre les capitalistes et l’industrie, substituant son crédit, accru de toutes les forces qui tendent à s’agglomérer autour d’elle, au sujet de chaque entreprise isolée. »

Autre analogie.

« La création du billet de banque a été l’un des plus grands progrès, l’une des plus belles applications du crédit…… Mais, à côté du billet de banque, il reste une place vacante, que nos obligations sont appelées à remplir. Le principe de ces obligations étant de n’être remboursables qu’à une époque correspondant à celle des effets qu’elles représentent dans notre portefeuille, et de porter intérêt au profit du détenteur, leur émission se trouve exempte de tout inconvénient…… Suivant l’économie qui sert de base à notre Société, ces titres sont non-seulement gagés par une somme correspondante de valeurs acquises sous le contrôle du gouvernement et dont la réunion offrira, par l’application du principe de mutualité, les avantages de la compensation et de la division des risques ; mais ils auront de plus la garantie d’un capital (60 millions), que nous avons élevé dans ce but à un chiffre considérable. »

Nous n’avons, dans les pages qui précèdent, pas dit autre chose, et nous sommes heureux d’avoir si bien compris le double esprit et l’économie complète du Crédit mobilier. C’est pourquoi nous persistons à soutenir que 600 millions de valeurs industrielles sujettes à dépréciation, augmentées d’un capital espèce de 60 millions, ne sauraient gager et garantir 600 millions d’obligations ; et pour justifier cette assertion, nous n’irons pas chercher nos preuves dans la théorie ; nous les prendrons dans les faits.

À l’époque où fut fondée la Compagnie de Crédit mobilier, le 3 0/0 était à 86, toutes les valeurs industrielles à un taux proportionnel. Dix-huit mois après, le 3 avril 1854, le 3 0/0 descendait à 61 75, en baisse de 25 fr., soit 30 0/0 ; toutes les valeurs industrielles à proportion. Les actions du Crédit mobilier, entre autres, étaient cotées à 435 fr., en baisse de 1,440 sur la cote des premiers jours, et de 345 sur celle du 17 septembre 1853. Supposons donc qu’au 1er janvier 1853, le capital de 60 millions de la Compagnie étant entièrement versé, elle ait eu pour 600 mil-