Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/281

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une valeur certaine ; les actions sont susceptibles de dépréciation.

Une institution qui prêterait sur nantissement et sur hypothèque une somme égale à la valeur de l’expertise se mettrait à découvert ; car rien ne prouve qu’à la vente on retirera le prix de l’estimation. C’est précisément le cas du Crédit mobilier.

À la Banque de France, que les marchandises soient vendues au-dessus ou au-dessous du cours, du moment qu’un billet de x fr. est reconnu et souscrit par l’acheteur, il y a garantie suffisante. Elle n’est que l’intermédiaire d’une transaction. Le billet qu’elle accepte vaut juste la somme qui y est inscrite. Les matières objet du marché peuvent varier de prix : cela ne change rien au chiffre de la dette consentie par le souscripteur. Il n’y a point de dépréciation possible. Le débiteur est tenu, de sa personne et de ses biens, de tout le montant de son obligation ; en cas de non-payement, les poursuites et la saisie sont très-expéditives.

Le Crédit mobilier, lui, acquiert à ses risques et périls des actions et des titres : il en devient propriétaire. Il n’a aucun recours contre les vendeurs du moment où il a pris livraison. La dépréciation est à sa charge comme la plus-value est à son profit. Donc ses 600 millions d’effets acquis, s’il vient une baisse, ne garantissent plus ses 600 millions d’obligations émises ; et comme son capital ne va qu’au dixième de ses emprunts, et que les actionnaires ne sont engagés que jusqu’à concurrence de leur mise, une baisse d’un dixième détruit son avoir et le constitue en faillite.

Telles sont les objections que nous semble avoir eues en vue le rapporteur de 1854, lorsqu’il dit :

« La Société de Crédit mobilier est une institution semblable à celle du Crédit foncier. L’une prête sur immeubles par voie d’hypothèque, au moyen de son capital d’abord, puis à l’aide d’obligations qu’elle émet pour une somme égale à celle des prêts effectués. L’autre place ou prête sur valeurs mobilières ou industrielles, au moyen de son capital d’abord, puis à l’aide des fonds que lui procurent les obligations qu’elle est autorisée à émettre pour une somme égale à celle de ses placements et du montant de ses dé-