Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/480

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trielles ne manque jamais d’être salué par la hausse. Concluons donc que la progression de l’impôt fait partie essentielle du système et doit être rangée au nombre des causes organiques, chroniques, de notre décadence sociale.

9° Besoin de plus en plus grand de numéraire pour le service de l’agiotage. — C’est ici surtout qu’il faut voir jusqu’où va la subversion des principes et des intelligences.

Il y a trop de valeurs, crie-t-on de tous côtés, trop de titres, trop de papier sur le marché, pour la somme d’espèces disponibles. Et c’est par cette considération puissante, c’est afin de ne pas aggraver la crise en provoquant de nouvelles émissions que, dans le Moniteur du 9 mars 1856, le gouvernement annonçait que, pendant toute l’année, il n’accorderait aucune nouvelle concession, et engageait les intermédiaires à ne pas négocier les valeurs non inscrites au cours officiel. C’est pour suppléer à ce besoin toujours croissant de numéraire créé par les reports qu’un praticien, M. Angelo Tedesco, propose de mettre la rente en circulation, et de centraliser les reports dans une caisse de l’État.

Mais que signifient ces phrases cabalistiques : Il y a trop de papier, la place est écrasée ? Depuis quand les titres d’action sont-ils assimilables au billet de Banque ?

Les économistes distinguent, selon la manière dont le capital fonctionne, deux sortes de capitaux : le capital engagé, et le capital circulant.

Le capital engagé, par cela même qu’il est engagé, n’a pas besoin d’espèces qui le représentent. On ne lui demande que son produit, et pour donner son produit, il ne réclame lui-même que du travail.

Il en est autrement du capital circulant, qui consiste en matières premières, services et marchandises : sans cesse il a besoin de se convertir, de se solder en numéraire.

Or, les dettes de l’État sont du capital engagé, consommé, productif seulement d’intérêt, par le moyen de l’impôt. Il en est de même des actions : elles constituent le passif des Compagnies, leur dette consolidée, une consommation irrévocable, qui par nature et destination ne peut plus donner lieu qu’à des produits, à du capital circulant, susceptible