Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/479

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enchérissement aux démolitions exécutées après le coup d’État dans la capitale. Sans doute elles y ont contribué pour quelque chose : mais la cause principale, organique, la vraie cause, est, avec le monopole qui laisse à la merci de 15,000 détenteurs au plus l’habitation de 1,200,000 âmes, l’émigration forcée des populations rurales qui se rejettent sur la capitale et les grandes villes. D’après le tableau officiel du recensement, publié par décret du 20 décembre 1856, la population du département de la Seine, qui était en 1851 de 1,422,065 habitants, s’élèverait aujourd’hui à 1,727,429. L’augmentation, en cinq ans, a été de 305,354. Le département du Nord, le plus industriel après celui de la Seine, qui ne comptait en 1851 que 1,058,285 habitants, en a aujourd’hui 1,212,353 : augmentation, 154,068. Soit pour les deux départements de la Seine et du Nord, 459,412 habitants de plus qu’à l’avant-dernier recensement. Or, l’accroissement de population pour la totalité du pays n’a été, depuis cinq ans, que de 257,736, environ 7 pour 1,000. En sorte que, toutes compensations faites, les deux départements du Nord et de la Seine se sont enrichis, aux dépens des 84 autres départements, de 422,000 personnes qui ont déserté la campagne, et demandent leur existence à l’agglomération financière, mercantile et industrielle. Est-ce clair ?

8° Accroissement continu de l’impôt. — Il résulte de l’analyse des budgets, et les faits démontrent que, depuis la fin de la première République, les dépenses d’État se sont augmentées progressivement, aussi bien sous le gouvernement constitutionnel de la Restauration que sous le régime militaire de l’Empire, aussi bien sous les institutions plus libérales encore de 1830 et de 1848 que sous les deux administrations précédentes. À cette heure, le budget des dépenses de l’État est d’environ 1,700 millions, à peu près un cinquième du revenu total du pays. Après avoir posé en principe que plus une nation paye pour ses frais d’État, plus elle est riche, nous en sommes venus à présenter tous les trois mois le chiffre croissant des sommes encaissées par le fisc comme le signe de la prospérité publique. La Bourse est entrée dans cette idée : le bordereau des recettes trimes-