homo non separet ! Dès que, par suite des fausses notions qui régnaient sur les conditions du travail et du capital, du patronat et du salariat, du bénéfice et du bon marché, la scission se fut déclarée entre les deux classes qui venaient par leur union de renverser la puissance féodale qui les opprimait, la république sembla devenir ténébreuse, et la révolution inintelligible. On se demanda ce que signifiait cette dislocation de l’ordre économique ; ce que voulaient les modérés de la république, d’accord avec les conservateurs dynastiques ; ce que prétendaient les radicaux, soi-disant montagnards, mettant hors de la démocratie, sous prétexte de bourgeoisisme, l’élite même des démocrates ?…
Le peuple, en haine de l’aristocratie, en méfiance de la classe moyenne, en dédain de la République rouge et modérée, a donc fait l’Empire. Comme la plèbe de César, il attend que son patron lui jette à dévorer le bourgeois. La fameuse Marianne, organisée en apparence contre l’Empire, n’est autre chose, au fond, qu’une sommation à l’Empire de remplir son mandat.
Jusqu’à présent, il est vrai, l’Empire a tenu ferme contre la pression du prolétariat : il a sauvé la vieille société. Car si l’instinct de la multitude est de faire un empereur, la raison de l’Empire est de maintenir de son mieux la hiérarchie politique et sociale.
Mais l’Empire résistera-t-il toujours ? réussira-t-il longtemps encore à tourner les difficultés de toute nature qui l’assiégent, à donner le change à sa destinée, et à tromper la faim du monstre ?
En présence d’une dette publique consolidée de 10 milliards ; d’une dette hypothécaire de 8 milliards ; d’une dette industrielle, capital engagé de la nouvelle féodalité, dont l’intérêt et le dividende sont à servir par les travailleurs, de 12 milliards ; — d’un budget ordinaire de 1,700 millions ; d’un arriéré de 900 millions ; d’une dette flottante de 800 millions ; — en présence d’un déficit croissant, d’une cherté croissante, d’un agiotage croissant, d’un monopole croissant, d’une dissolution croissante : — devant cet épouvantable sommaire de la situation politique, économique et