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Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/503

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de grandes et brusques oscillations. Tour à tour de 216, puis de 57, plus tard de 326, le nombre des sociétaires est aujourd’hui de 37, employant de 6 à 8 auxiliaires. — Capital au 31 décembre 1855 : 74, 000 fr. — Montant des ventes, 213,000 fr.[1].

Il existait naguère encore d’autres Associations ouvrières, paveurs, boulangers, cuilleriers, chapeliers, etc. Nous ne savons ce qu’elles sont devenues.

Toutes, du reste, ont été criblées par l’adversité, le manque de travail et la misère, travaillées par le parlementage, la discorde, les rivalités, les défections, les trahisons ; toutes ont payé le tribut de l’inexpérience, du charlatanisme, de l’engouement, de la mauvaise foi. Il faut du temps à l’esprit humain pour définir ses principes ; et tant qu’ils ne sont pas définis, la conscience est livrée au trouble et à l’iniquité. Quelques Associations ont vu leurs gérants, une fois initiés aux affaires, se retirer pour s’établir à leur compte en patrons et bourgeois ; ailleurs, ce sont les associés qui, dès le premier inventaire, ont réclamé le partage des produits, et sont partis avec leur légitime. Tant il est vrai que les longues pensées répugnent au prolétaire moderne autant qu’à l’esclave antique, et que la tâche la plus difficile des Associations n’est pas de se constituer et de vivre, c’est de civiliser les associés. De semblables détails, intéressants, surtout au point de vue psychologique, pour l’histoire des Associations ouvrières, ne pouvaient trouver place dans ce Manuel, où il ne peut être question, tout au plus, que de constater, d’après les résultats financiers, la puissance économique de ces Sociétés.

Résumons-nous maintenant et concluons.

Les Associations ouvrières sont les foyers de produc-

  1. Nous devons les détails qu’on vient de lire à l’obligeance de M. Ch. Beslay, ancien représentant du peuple, à qui ses relations quotidiennes avec les Associations permettent d’en connaître parfaitement la situation personnelle et financière, et qui nous en garantit l’exactitude. Au surplus, et nous l’avons éprouvé nous-mêmes, les ouvriers associés ne font nulle difficulté de donner aux personnes qui les visitent tous les renseignements désirables.