Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/506

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Société qu’une coalition, par laquelle un certain nombre de consommateurs, garantissant à une maison de commerce une clientèle sûre et un débouché constant, exigeaient en retour une remise sur le prix courant des produits. Les bénéfices du commerce, plus considérables, à cause des chances aléatoires, que ceux de l’industrie proprement dite, permettaient une réduction sensible et une amélioration correspondante dans la position des consommateurs. La conséquence, plus ou moins prochaine, de semblables établissements, eût été de garantir peu à peu, à chaque acheteur, et par le fait de sa consommation, le travail dont il avait besoin, de la même manière que lui-même garantissait le débouché aux marchands. Toute consommation suppose production : ces deux termes sont corrélatifs et adéquats.

Il y avait donc là, selon nous, matière à d’heureuses spéculations : malheureusement elles dépassent la portée ordinaire des travailleurs, dont l’indocilité est si difficile à vaincre, et n’offrent pas aux bourgeois des avantages assez immédiats, pour qu’ils se résignent aux efforts, aux avances, et peut-être aux sacrifices, que dans les commencements elles exigent. Cependant les Sociétés pour la consommation avaient commencé de se multiplier dans les chefs-lieux de départements, grâce à la commandite de quelques bourgeois, qui firent ainsi don à leurs concitoyens de boulangeries, boucheries, épiceries sociétaires. Plusieurs ont été fermées par la police, à la suite du 2 décembre : nous ne saurions dire où en est aujourd’hui ce mouvement.


III. cités ouvrières, logements à bon marché.


Nous lisons dans une brochure, publiée par M. Victor Calland, auteur du projet des Palais de familles :

« La même réforme économique, dit M. Émile de Girardin, qui par la voie de l’association s’est accomplie dans les voies de communication et de transport, doit se réaliser dans les habitations humaines… Cette réforme est inévitable : elle contient toute une révolution. »

S’il fallait s’en tenir à cette annonce, elle n’aurait à nos