geois, comme avant la Révolution ils avaient fui le monde féodal. Ils ne se retrouveront que là.
Sans doute il y a loin de la réunion en Sociétés de quelques centaines d’ouvriers, à la reconstitution économique d’une nation de 36 millions d’âmes. Aussi n’attendons-nous pas une telle réforme de la seule expansion de ces Sociétés. Ce qui importe, c’est que l’idée marche, qu’elle se démontre par l’expérience ; c’est que la loi se pose dans la pratique comme dans la théorie.
Déjà nous savons qu’à l’étranger l’exemple donné parmi nous porte ses fruits : les corporations d’ouvriers en Angleterre ont décidé qu’à l’avenir, au lieu de dépenser leurs fonds en grèves inutiles, elles les emploieraient à créer des Compagnies à l’instar des Sociétés parisiennes. Vienne la secousse finale, cette inévitable liquidation prédite depuis plus de huit ans : il sera plus aisé d’organiser sur toute la face du pays le travail, qu’il ne l’a été depuis 1848 de former à Paris les vingt premiers groupes de travailleurs.
Ces sociétés, telles que la Ménagère, ont pour but de résoudre le problème spécial des rapports d’industrie à industrie, conséquemment d’Association à Association. Elles sont dues surtout à l’initiative bourgeoise. Leur existence prouve que si, en 1848 comme toujours, l’instinct populaire a saisi les idées dans leur synthèse, la raison moyenne, plus exercée, s’est attachée tout d’abord, et avec une remarquable prestesse d’intelligence, au nœud de la question.
Outre que l’administration intérieure de ces Sociétés, purement commerciales, ne présentait pas les mêmes difficultés que celle des Associations ouvrières, elles avaient le précieux mérite, à une époque d’agitation révolutionnaire, d’apparaître comme une conciliation des intérêts. C’était un pas vers cette fusion du patronat et du salariat, dénoncée par les utopistes comme une trahison envers le peuple, et un instant mise au ban de la démocratie par les radicaux.
La combinaison dont il s’agit était moins, en effet, une