Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/92

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propre concession ! Comment ! si les monopoles étaient abolis, on verrait les ex-privilégiés, agents de change en tête, venir réclamer au gouvernement une indemnité, c’est-à-dire le remboursement d’offices qu’il n’a pas vendus, et cela paraîtrait simple ; et si ce même gouvernement réclamait une indemnité pour l’aliénation qu’il a faite du domaine public, ce serait immoral !…

Dans ce cas, qu’on tranche la question au profit de la liberté. Le bénéfice sera tout entier pour le public, qui gagnera à l’abaissement des droits de commission, et pour l’ordre, mieux protégé contre les abus de la spéculation par une liberté entière que par les insignifiantes restrictions des lois.




CHAPITRE IV.


Mobilisation des capitaux. — L’importance des opérations de Bourse en est la conséquence.


Nous avons expliqué dans l’Introduction comment toute opération de commerce ou de finance ayant pour but soit le transport des produits, soit la distribution des capitaux ou la circulation des valeurs, est essentiellement productive. Mais pour que le capital puisse se répartir avec intelligence et circuler dans toutes les parties du corps social, il faut qu’il soit doué d’une certaine faculté de déplacement ; c’est de ce déplacement, de cette mobilisation, comme on l’appelle, objet principal de la spéculation boursière, comme aussi de l’agiotage le plus éhonté, que nous allons exposer brièvement les causes et le mécanisme.

La forme la plus ancienne et la plus élémentaire de la prestation des capitaux est le prêt sur hypothèque, le bail à loyer ou à cheptel : plus tard sont venus le contrat à la grosse, la lettre de change et l’escompte des banques. La commandite, bien qu’elle n’ait pas été absolument inconnue aux anciens, ne s’est développée d’une manière vraiment