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Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/96

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gérant. Dès lors plus d’autre enquête que celle qui se traduit en un compte de recettes et de dépenses. Quant à la durée du prêt, elle n’embarrasse plus : pour l’entreprise, aussi longue qu’on voudra ; pour les capitalistes, résiliable à toute heure, par la transmissibilité de l’action.

Maintenant, qu’une commandite plus lucrative se présente, ou bien, ce qui revient financièrement au même, que l’entreprise dans laquelle le capitaliste a engagé ses fonds éprouve des contre-temps, des pertes ; que les apparences deviennent pour elle moins heureuses : en un instant, sans formalités, ni poursuites, ni discussions, sans ministère de notaire, sans payer un centime de droit de mutation, par le simple ministère d’un agent de change, le porteur d’actions peut vendre ses titres, en toucher le montant, au cours du jour, soit avec bénéfice, soit avec une perte légère ; se procurer le placement qu’il ambitionne, doubler, tripler quelquefois son revenu, par conséquent aussi son capital ; changer du tout au tout sa condition de fortune ; comme aussi, dans le cas où ses appréhensions auraient été mal fondées et ses espérances déçues, il peut voir ses nouvelles actions perdre 25, 30 et 50 0/0, et sa fortune réduite dans la même proportion.

C’est ainsi que le capital est devenu marchandise comme le produit, plus circulante, plus aisément échangeable que le produit lui-même. C’est par là que les nations modernes ont pu, en moins d’un quart de siècle, creuser des canaux, construire des chemins de fer, entreprendre des travaux gigantesques, subvenir à des entreprises qui laissent bien loin derrière elles tous les monuments de Rome, de l’Égypte, de l’Assyrie, de la Perse et de l’Inde. C’est à l’aide de cette organisation du crédit que l’Angleterre, la plus riche des nations modernes, a pu entreprendre une lutte de vingt-cinq années contre la République et contre l’Empire, contracter une dette de 27 milliards, dont elle sert aujourd’hui les intérêts avec la même facilité que la Banque de France paye le dividende de ses actionnaires ; tandis qu’avec ses armées permanentes, avec son budget de la guerre et son écrasante centralisation, notre gouvernement n’a su, depuis un demi--