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et des frères ? en un mot, le principe de succession peut-il devenir un principe d’égalité ?

En résumant toutes ces données sous une expression générale : Qu’est-ce que le principe de l’hérédité ? quels sont les fondements de l’inégalité ? qu’est-ce que la propriété ?

Tel est, messieurs, l’objet du mémoire que je vous adresse aujourd’hui.

Si j’ai bien saisi l’objet de votre pensée, si je mets en lumière une vérité incontestable, mais, par des causes que j’ose dire avoir expliquées, longtemps méconnue ; si, par une méthode d’investigation infaillible, j’établis le dogme de l’égalité des conditions ; si je détermine le principe du droit civil, l’essence du juste et la forme de la société, si j’anéantis pour jamais la propriété ; c’est à vous, messieurs, qu’en revient toute la gloire, c’est à votre secours et à vos inspirations que je le dois.

La pensée de ce travail est l’application de la méthode aux problèmes de la philosophie ; toute autre intention m’est étrangère et même injurieuse.

J’ai parlé avec une médiocre estime de la jurisprudence ; j’en avais le droit, mais je serais injuste si je ne séparais pas de cette prétendue science les hommes qui la cultivent. Voués à des études pénibles et austères, dignes à tous égards de l’estime de leurs concitoyens par le savoir et l’éloquence, nos jurisconsultes ne méritent qu’un reproche, celui d’une excessive déférence à des lois arbitraires.

J’ai poursuivi d’une critique impitoyable les économistes ; pour ceux-ci, je confesse qu’en général je ne les aime pas. La morgue et l’inanité de leurs écrits, leur impertinent orgueil et leurs inqualifiables bévues m’ont révolté. Quiconque les connaissant leur pardonne, les lise.

J’ai exprimé sur l’Église chrétienne enseignante un blâme sévère ; je le devais. Ce blâme résulte des faits que je démontre : pourquoi l’Église a-t-elle statué sur ce qu’elle n’entendait pas ? L’Église a erré dans le dogme et dans la morale ; l’évidence physique et mathématique dépose contre elle. Ce peut être une faute à moi de le dire ; mais à coup sûr c’est un malheur pour la chrétienté que cela soit vrai. Pour restaurer la religion, messieurs, il faut condamner l’Église.