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Page:Proudhon - Qu’est-ce que la propriété.djvu/121

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nos institutions et nos lois. Pourquoi ceux-là mêmes qui ont posé le principe refusent-ils maintenant de le suivre ? Pourquoi les Say, les Comte, les Hennequin, et autres, après avoir dit que la propriété vient du travail, cherchent-ils ensuite à l’immobiliser par l’occupation et la prescription ?

Mais abandonnons ces sophistes à leurs contradictions et à leur aveuglement ; le bon sens populaire fera justice de leurs équivoques. Hâtons-nous de l’éclairer et de lui montrer le chemin. L’égalité approche ; déjà nous n’en sommes séparés que par un court intervalle, demain cet intervalle sera franchi.


§ 6. Que dans la société tous les salaires sont égaux.


Lorsque les saint-simoniens, les fouriéristes, et en général tous ceux qui, de nos jours, se mêlent d’économie sociale et de réforme, inscrivent sur leur drapeau :

À chacun selon sa capacité, à chaque capacité selon ses œuvres.(Saint-Simon.)
À chacun selon son capital, son travail et son talent.(Fourier.)

ils entendent, bien qu’ils ne le disent pas d’une manière aussi formelle, que les produits de la nature sollicitée par le travail et l’industrie sont une récompense, une palme, une couronne proposée à toutes les sortes de prééminences et de supériorités ; ils regardent la terre comme une lice immense, dans laquelle les prix sont disputés, non plus, il est vrai, à coups de lances et d’épées, par la force et la trahison, mais par la richesse acquise, par la science, le talent, la vertu même. En un mot, ils entendent, et tout le monde comprend avec eux, qu’à la plus grande capacité la plus grande rétribution est due, et pour me servir de ce style marchand, mais qui a le mérite de n’être pas équivoque, que les appointements doivent être proportionnés à l’œuvre et à la capacité.