ce qu’ils en reçoivent ; ils fulminent contre le luxe et la paresse les plus terribles imprécations. Cette morale est fort belle, assurément ; c’est dommage qu’elle n’ait pas le sens commun. Le propriétaire qui travaille, ou, comme disent les économistes, qui se rend utile, se fait payer pour ce travail et cette utilité : en est-il moins oisif par rapport aux propriétés qu’il n’exploite pas et dont il touche les revenus ? Sa condition, quoi qu’il fasse, est l’improductivité et la félonnerie ; il ne peut cesser de gaspiller et de détruire qu’en cessant d’être propriétaire.
Mais ce n’est encore là que le moindre des maux que la propriété engendre. On conçoit à toute force que la société entretienne des oisifs ; elle aura toujours des aveugles, des manchots, des furieux, des imbéciles ; elle peut bien nourrir quelques paresseux. Voici où les impossibilités se compliquent et s’accumulent.
Troisième proposition.
Pour acquitter un fermage de 100, à 10 pour cent du produit, il faut que le produit soit 1,000 : pour que le produit soit 1,000, il faut une force de 1,000 travailleurs. Il suit de là qu’en donnant congé tout à l’heure à nos 100 travailleurs propriétaires, qui tous avaient un droit égal de mener la vie de rentiers, nous nous sommes mis dans l’impossibilité de leur payer leurs revenus. En effet, la force productrice, qui était d’abord 1,000, n’étant plus que 900, la production se trouve aussi réduite à 900, dont le dixième est 90. Il faut donc, ou que 10 propriétaires sur 100 ne soient pas payés, si les 90 autres veulent avoir leur fermage intégral ; ou que tous s’accordent à supporter une diminution de 10 pour cent. Car ce n’est point au travailleur, qui n’a failli à aucune de ses fonctions, qui a produit comme par le passé, à pâtir de la retraite du propriétaire ; c’est à celui-ci à subir les