Page:Proudhon - Systeme des contradictions economiques Tome 1, Garnier, 1850.djvu/174

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M. Théodore Fix résumait ainsi la situation générale, décembre 1844 :

« L’alimentation des peuples n’est plus exposée à ces terribles perturbations causées par les disettes et les famines, si fréquentes jusqu’au commencement du dix-neuvième siècle. La variété des cultures et les perfectionnements agricoles ont conjuré ce double fléau d’une manière presque absolue. On évaluait, en 1791, la production totale du blé en France, à environ 47 millions d’hectolitres, ce qui donnait, déduction faite des semences pour chaque habitant, un hectolitre 65 centilitres. En 1840, la même production est évaluée à 70 millions d’hectolitres, et par individu à un hectolitre 82 centilitres, les surfaces cultivées étant à peu près ce qu’elles étaient avant la révolution… Les matières ouvrées se sont accrues dans des proportions au moins aussi fortes que les substances alimentaires ; et l’on peut dire que la masse des tissus s’est plus que doublée et peut-être triplée depuis cinquante ans. Le perfectionnement des procédés techniques a conduit à ce résultat…

» Depuis le commencement du siècle, la vie moyenne s’est accrue de deux ou trois ans ; indice irrécusable d’une plus grande aisance, ou, si l’on veut, d’une atténuation de la misère.

» Dans l’espace de vingt ans, le chiffre du revenu indirect, sans aucun changement onéreux dans la législation, s’est élevé de 540 millions à 720 : symptôme de progrès économique bien plus que de progrès fiscal.

» Au 1er janvier 1844, la caisse des dépôts et consignations devait aux caisses d’épargne 351 millions et demi, et Paris figurait dans cette somme pour 105 millions. Cependant l’institution ne s’est guère développée que depuis douze ans : et l’on doit remarquer que les 351 millions et demi, actuellement dus aux caisses d’épargne, ne constituent pas la masse entière des économies réalisées, puisqu’au moment donné les capitaux accumulés reçoivent une autre destination… En 1843, sur 320,000 ouvriers et 80,000 domestiques habitant la capitale, 90,000 ouvriers ont déposé à la caisse d’épargne 2,547,000 fr., et 34,000 domestiques, 1,268,000 fr. »