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Page:Proudhon - Systeme des contradictions economiques Tome 1, Garnier, 1850.djvu/191

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part n’appartiennent pas à des sujets que la révélation du beau, de l’élégance, de la richesse, du bien-être, de l’honneur et de la science, de tout ce qui fait la dignité de l’homme, a trouvés trop faibles, et qu’elle a démoralisés, tués.

« Au moins faudrait-il fixer les salaires, disent les moins hardis, rédiger dans toutes les industries des tarifs acceptés par les maîtres et par les ouvriers, »

C’est M. Fix qui soulève cette hypothèse de salut. Et il répond victorieusement :

« Ces tarifs ont été faits en Angleterre et ailleurs ; on sait ce qu’ils valent : partout ils ont été aussitôt violés qu’acceptés, et par les maîtres et par les ouvriers. »

Les causes de la violation des tarifs sont faciles à saisir : ce sont les machines, ce sont les procédés et les combinaisons incessantes de l’industrie. Un tarif est convenu à un moment donné : mais voilà que tout à coup survient une invention nouvelle qui donne à son auteur le moyen de faire baisser le prix de la marchandise. Que feront les autres entrepreneurs ? ils cesseront de fabriquer et renverront leurs ouvriers, ou bien ils leur proposeront une réduction. C’est le seul parti qu’ils aient à prendre, en attendant qu’ils découvrent à leur tour un procédé au moyen duquel, sans abaisser le taux des salaires, ils pourront produire à meilleur marché que leurs concurrents, ce qui équivaudra encore à une suppression d’ouvriers.

M. Léon Faucher paraît incliner vers un système d’indemnité. Il dit :

« Nous concevons que, dans un intérêt quelconque, l’État, représentant le vœu général, commande le sacrifice d’une industrie. » — Il est toujours censé la commander, du moment qu’il accorde à chacun la liberté de produire, et qu’il protège et défend contre toute atteinte cette liberté. — « Mais c’est là une mesure extrême, une expérience toujours périlleuse, et qui doit être accompagnée de tous les ménagements possibles pour les individus. L’État n’a pas le droit d’enlever à une classe de citoyens le travail qui les fait vivre, avant d’avoir pourvu autrement à leur subsistance, ou de s’être assuré qu’ils trouveront dans une industrie nouvelle l’emploi de leur intelligence et de leurs bras. Il est de principe, dans