Page:Proudhon - Systeme des contradictions economiques Tome 1, Garnier, 1850.djvu/197

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d’une organisation confuse, dans laquelle le travail chercherait un équilibre et une régularité qui lui manquent… Au fond de tous ces efforts se cache un principe, l’association, qu’on aurait tort de condamner sur des manifestations irrégulières. »

Enfin, M. Reybaud s’est déclaré hautement partisan de la concurrence, ce qui veut dire qu’il a décidément abandonné le principe d’association. Car si, par association, l’on ne doit entendre que les formes de société déterminées par le code de commerce, et dont MM. Troplong et Delangle nous ont donné compendieusement la philosophie, ce n’est plus la peine de distinguer les socialistes des économistes, un parti qui cherche l’association, et un parti qui prétend que l’association existe.

Qu’on ne s’imagine pas, parce qu’il est arrivé à M. Reybaud de dire étourdiment oui et non sur une question dont il ne paraît point encore s’être fait une idée claire, que je le range parmi ces spéculateurs de socialisme, qui, après avoir lancé dans le monde une mystification, commencent aussitôt à faire leur retraite, sous prétexte que l’idée étant du domaine public, ils n’ont plus qu’à lui laisser faire son chemin. M. Reybaud, selon moi, appartient plutôt à la catégorie des dupes, qui compte dans son sein tant d’honnêtes gens, et des gens de tant d’esprit. M. Reybaud restera donc à mes yeux le vir probus dicendi peritus, l’écrivain consciencieux et habile, qui peut bien se laisser surprendre, mais qui n’exprime jamais que ce qu’il voit et ce qu’il éprouve. D’ailleurs, M. Reybaud, une fois placé sur le terrain des idées économiques, pouvait d’autant moins s’accorder avec lui-même, qu’il avait plus de netteté dans l’intelligence et de justesse dans le raisonnement. Je vais faire, sous les yeux du lecteur, cette curieuse expérience.

Si je pouvais être entendu de M. Reybaud, je lui dirais : Prenez parti pour la concurrence, vous aurez tort ; prenez parti contre la concurrence, vous aurez encore tort : ce qui signifie que vous aurez toujours raison. Après cela, si, convaincu que vous n’avez failli ni dans la première édition de votre livre ni dans la quatrième, vous réussissez à formuler votre sentiment d’une manière intelligible, je vous tiendrai