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Page:Proudhon - Systeme des contradictions economiques Tome 1, Garnier, 1850.djvu/213

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sacrifice, soit du privilège, le maintien de l’ordre, vous créez dans la société un nouvel antagonisme. Au lieu de faire naître l’harmonie de la libre activité des personnes, vous rendez l’individu et l’état étrangers l’un à l’autre ; en commandant l’union, vous soufflez la discorde.

En résumé, hors de la concurrence il ne reste que cette alternative : l’encouragement, une mystification ; ou le sacrifice, une hypocrisie.

Donc la concurrence, analysée dans son principe, est une inspiration de la justice ; et cependant nous allons voir que la concurrence, dans ses résultats, est injuste.


§ II. — Effets subversifs de la concurrence, et destruction par elle de la liberté.


Le royaume des cieux se gagne par la force, dit l’Évangile, et les violents seuls le ravissent. Ces paroles sont l’allégorie de la société. Dans la société réglée par le travail, la dignité, la richesse et la gloire sont mises au concours ; elles sont la récompense des forts, et l’on peut définir la concurrence, le régime de la force. Les anciens économistes n’avaient pas d’abord aperçu cette contradiction : les modernes ont été forcés de la reconnaître.

« Pour élever un état du dernier degré de barbarie au plus haut degré d’opulence, écrivait A. Smith, il ne faut que trois choses : la paix, des taxes modérées et une administration tolérable de la justice. Tout le reste est amené par le cours naturel des choses. »

Sur quoi le dernier traducteur de Smith, M. Blanqui, laisse tomber cette sombre glose : « Nous avons vu le cours naturel des choses produire des effets désastreux, et créer l’anarchie dans la production, la guerre pour les débouchés, et la piraterie dans la concurrence. La division du travail et le perfectionnement des machines, qui devaient réaliser pour la grande famille ouvrière du genre humain la conquête de quelques loisirs au profit de sa dignité, n’ont engendré sur plusieurs points que l’abrutissement et la misère… Quand A. Smith écrivait, la liberté n’était pas encore venue avec ses embarras et ses abus, le professeur de Glascow n’en pré-