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Page:Proudhon - Systeme des contradictions economiques Tome 1, Garnier, 1850.djvu/214

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voyait que les douceurs… Smith aurait écrit comme M. de Sismondi s’il eût été témoin du triste état de l’Irlande et des districts manufacturiers d’Angleterre, au temps où nous vivons… »

Or sus, littérateurs hommes d’état, publicistes quotidiens, croyants et demi-croyants, vous tous qui vous êtes donné la mission d’endoctriner les hommes, entendez-vous ces paroles qu’on croirait traduites de Jérémie ? Nous direz-vous enfin où vous prétendez conduire la civilisation ? Quel conseil offrez-vous à la société, à la patrie en alarmes ?

Mais à qui parlé-je ? Des ministres, des journalistes, des sacristains et des pédants ! est-ce que ce monde-là s’inquiète des problèmes de l’économie sociale ? est-ce qu’ils ont entendu parler de la concurrence ?

Un Lyonnais, une âme durcie à la guerre mercantile, voyageait en Toscane. Il observe qu’il se fabrique annuellement en ce pays cinq à six cent mille chapeaux de paille, formant en tout une valeur de 4 à 5 millions. Cette industrie est à peu près le seul gagne-pain du petit peuple. « Comment, se dit-il, une culture et une industrie si facile n’ont-elles pas été transportées en Provence et en Languedoc, dont le climat est le même que celui de la Toscane ? » — Mais, observe à ce propos un économiste, si l’on enlève aux paysans de Toscane leur industrie, comment feront-ils pour vivre ?

La fabrication des draps de soie noirs était devenue pour Florence une spécialité dont elle gardait précieusement le secret. « Un habile fabricant de Lyon, remarque avec satisfaction le touriste, est venu s’établir à Florence, et a fini par saisir les procédés propres à la teinture et au tissage. Probablement cette découverte diminuera l’exportation florentine. » (Voyage en Italie, par M. Fulchiron.)

Autrefois, l’éducation du ver à soie était abandonnée aux paysans de Toscane qu’elle aidait à vivre. « Les sociétés d’agriculture sont venues ; elles ont représenté que le ver à soie, dans la chambre à coucher du paysan, ne trouvait ni une ventilation suffisante, ni une température assez égale, ni des soins aussi bien entendus que si les ouvriers qui les élèvent en faisaient leur unique métier. En conséquence, des citoyens