dictature, le libre examen et la foi religieuse, que le véritable hermaphrodite, publiciste au double sexe, c’est lui. M. Blanc, placé sur les confins de la démocratie et du socialisme, un degré plus bas que la République, deux degrés au-dessous de M. Barrot, trois au-dessous de M. Thiers, est encore lui-même, quoi qu’il dise et quoi qu’il fasse, un descendant à la quatrième génération de M. Guizot, un doctrinaire.
« Certes, s’écrie M. Blanc, nous ne sommes pas de ceux qui crient anathème au principe d’autorité. Ce principe, nous avons eu mille fois occasion de le défendre contre des attaques aussi dangereuses qu’ineptes. Nous savons que, lorsque dans une société la force organisée n’est nulle part, le despotisme est partout… »
Ainsi, d’après M. Blanc, le remède à la concurrence, ou plutôt le moyen de l’abolir, consiste dans l’intervention de l’autorité, dans la substitution de l’état à la liberté individuelle : c’est l’inverse du système des économistes.
Je regretterais que M. Blanc, dont les tendances sociales sont connues, m’accusât de lui faire une guerre impolitique en le réfutant. Je rends justice aux intentions généreuses de M. Blanc ; j’aime et je lis ses ouvrages, et je lui rends surtout grâce du service qu’il a rendu, en mettant à découvert, dans son Histoire de dix ans, l’incurable indigence de son parti. Mais nul ne peut consentir à paraître dupe ou imbécile : or, toute question de personne mise à part, que peut-il y avoir de commun entre le socialisme, cette protestation universelle, et le pêle-mêle de vieux préjugés qui compose la république de M. Blanc ? M. Blanc ne cesse d’appeler à l’autorité, et le socialisme se déclare hautement anarchique ; M. Blanc place le pouvoir au-dessus de la société, et le socialisme tend à faire passer le pouvoir sous la société ; M. Blanc fait descendre la vie sociale d’en haut, et le socialisme prétend la faire poindre et végéter d’en bas ; M. Blanc court après la politique, et le socialisme cherche la science. Plus d’hypocrisie, dirai-je à M. Blanc : vous ne voulez ni du catholicisme, ni de la monarchie, ni de la noblesse ; mais il vous faut un Dieu, une religion, une dictature, une censure, une hiérarchie, des distinctions et des rangs. Et moi je nie votre Dieu, votre autorité, votre souveraineté, votre état ju-