impuissante à franchir le cercle ? Depuis plus d’un demi-siècle que la royauté et la démocratie, ces deux sibylles que nous a léguées le monde antique, ont entrepris, par une transaction constitutionnelle, d’accorder leurs oracles ; depuis que la sagesse du prince s’est mise à l’unisson de la voix du peuple, quelle révélation en est sortie ? quel principe d’ordre a été découvert ? quelle issue au labyrinthe du privilége indiquée ? Avant que prince et peuple eussent signé cet étrange compromis, en quoi leurs idées ne se ressemblaient-elles pas ? et depuis que chacun d’eux s’efforce de rompre le pacte, en quoi diffèrent-elles ?
Diminuer les charges publiques, répartir l’impôt sur une base plus équitable ? — C’est impossible : à l’impôt comme à l’armée, l’homme du peuple fournira toujours plus que son contingent.
Réglementer le monopole, mettre un frein à la concurrence ? — C’est impossible ; vous tueriez la production.
Ouvrir de nouveaux débouchés ? — C’est impossible[1].
Organiser le crédit ? — C’est impossible[2].
Attaquer l’hérédité ? — C’est impossible[3].
Créer des ateliers nationaux, assurer, à défaut de travail, un minimum aux ouvriers ; leur assigner une part dans les bénéfices ? — C’est impossible. Il est de la nature du gouvernement de ne pouvoir s’occuper du travail que pour enchaîner les travailleurs, comme il ne s’occupe des produits que pour lever sa dîme.
Réparer, par un système d’indemnité, les effets désastreux des machines ? — C’est impossible.
Combattre par des règlements l’influence abrutissante de la division parcellaire ? — C’est impossible.
Faire jouir le peuple des bienfaits de l’enseignement ? — C’est impossible.
Établir un tarif des marchandises et des salaires, et fixer par autorité souveraine la valeur des choses ? — C’est impossible, c’est impossible.
De toutes les réformes que sollicite la société en détresse,