Page:Proudhon - Systeme des contradictions economiques Tome 2, Garnier, 1850.djvu/327

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concurrence plus active, ils produiront 16 ; si leur nombre est quadruplé, 64. Cette multiplication du produit par la division du travail, les machines, la concurrence, etc., a été démontrée maintes fois par les économistes ; là est le côté positif de leur théorie, le point sur lequel ils sont tous unanimes, mais que la pratique ne saurait rendre tel que la théorie le fait espérer, aussi longtemps que la société, par une dernière réforme, n’aura pas résolu ses contradictions.

Donc, si la puissance de reproduction génitale de l’espèce humaine s’exprime par la progression 1. 2. 4. 8. 16. 32. 64. etc., la puissance de reproduction industrielle devra s’exprimer par la progression i. 4. 16. 64. 256. 1024. 4096. En autres termes, dans une société organisée, la production s’accroît comme le carré du nombre des travailleurs. C’est l’économie politique elle-même qui nous l’enseigne : tous ses livres en sont pleins ; et si Mallhus, préoccupé d’une idée fixe, celle du doublement de la population, l’avait oublié, pourquoi ses confrères ne s’en sont-ils pas souvenus ? Car il est évident que le rapport d’accroissement déterminé par Malthus entre la population et les subsistances ne peut s’entendre que d’une société inorganique, où l’industrie, c’est à-dire la division, la mécanique, la concurrence, l’échange, etc., sont absolument nuls ; où la force collective n’existe pas : nullement d’une société engrenée, fondée sur la séparation des industries et sur l’échange, et où chaque homme, produisant pour des millions de consommateurs, est servi à son tour par des millions de producteurs.

C’est ainsi qu’il faut entendre ce que certains agronomes, et à leur suite certains socialistes moutonniers, ont voulu dire par quadruple produit. Il n’est pas vrai qu’un pays, dont la population et le degré de développement sont donnés, puisse produire le double, ni le triple, ni le quadruple de ce qu’il produit. Le produit est nécessairement en raison de la population, laquelle détermine à son tour le degré de division, la force des machines, l’activité de la circulation, etc. Mais ce qui est vrai, ce que la science reconnaît et démontre, c’est que si l’accroissement de la population est double, l’accroissement de la population est quadruple, et cela à l’infini, aussi longtemps que la société obéira aux lois économiques, aussi loin que la surface du globe comportera cet accroissement

Malheureusement l’antagonisme des institutions économiques ne permet pas qu’elles produisent sans froissements