Page:Proudhon - Systeme des contradictions economiques Tome 2, Garnier, 1850.djvu/79

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dant l’improductif inexpugnable, une longue période de décadence commencera pour l’humanité.

Pour la seconde fois, y avez-vous pensé, prolétaires ?

Au surplus, ce serait peine inutile de chercher désormais à fonder l’équilibre des nations sur une pratique mieux entendue et plus exacte du droit différenciel, autrement dit balance du commerce. Car il arrivera de deux choses l’une :

Si la civilisation doit parcourir une troisième période de féodalité et de servage, l’institution des douanes, bien loin de servir le monopole, comme l’ont si ridiculement imaginé les économistes, est une obstacle à la coalition des monopoles, un obstacle à leur développement et à leur existence. Il faut que cette institution soit abolie, et elle le sera. Il ne s’agit que de régler les conditions de cette abolition, et de concilier les intérêts des monopoleurs : or, ils sont rompus à ces sortes de transactions, et le travail du prolétaire est là pour servir d’indemnité.

Si au contraire le socialisme, prenant la toge virile de la science, renonçant à ses utopies, brûlant ses idoles, abaissant son orgueil philosophique devant le travail ; si le socialisme, qui, sur la question du libre commerce, n’a su jusqu’à ce moment qu’agiter ses cymbales en l’honneur de R. Peel, songe sérieusement à constituer l’ordre social par la raison et l’expérience : alors le nivellement des conditions du travail n’a plus besoin de s’opérer à la frontière, au passage des marchandises ; il s’accomplit de lui-même au sein des ateliers entre tous les producteurs ; la solidarité existe entre les nations par le fait de la solidarité des fabriques ; la balance, s’établissant de compagnie à compagnie, existe de fait pour tout le monde ; la douane est inutile et la contrebande impossible. Il en est ici du problème de l’égalité entre les peuples, comme de celui de l’équilibre, ou de la proportionnalité des valeurs : ce n’est pas par une enquête et un dénombrement à posteriori qu’il peut se résoudre, c’est par le travail. Du reste, si, pendant quelques années de transition, le maintien des lignes douanières était jugé utile, ce serait à une information commerciale à déterminer les tarifs ; quant à la perception des droits, je m’en rapporterais volontiers à l’expérience de l’administration. De tels détails n’entrent pas dans mon plan ; il suffit que je démontre lu loi synthétique du commerce international et que j’indique le mode ultérieur de son application, pour mettre le lecteur en garde à la