Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/118

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traiter ici. Je me borne à deux observations : l’une que si depuis douze ans les gouvernements de l’Europe ont fait la guerre, ils l’ont bien voulu ; l’autre que si les nations avaient été appelées à voter l’impôt, elles n’auraient rien accordé pour la guerre, et que les gouvernements eussent été forcés de se tenir en paix.

La guerre de Crimée a coûté aux Russes, aux Turcs, aux Français, aux Anglais, aux Piémontais, aux Autrichiens, aux Allemands, aux puissances neutres comme aux belligérantes, peut-être sept milliards de francs et 500,000 hommes. Quel avantage les peuples ont-ils retiré de cette laborieuse entreprise ? Quels risques aurait courus la sécurité des nations si les contribuables des différents États avaient obstinément refusé à leurs princes de l’argent et des soldats ? Non, il n’est plus vrai, au siècle où nous sommes, que la guerre ait rien de fatal, rien de civilisateur ni dans ses causes ni dans ses prétextes, et qu’elle ne puisse être conjurée : la stérilité des victoires prouve l’inanité de cette politique de combats. Mais ce n’est pas le compte des conducteurs d’armées, toujours impatients de remuer des soldats, parce qu’en remuant des soldats, disait l’aigre Barnave au trop confiant Mirabeau, ils remuent des millions, et qu’ils ont encore plus à cœur de réprimer l’insurgence des citoyens que de repousser l’invasion de l’ennemi. En ce qui concerne les rapports internationaux, le développement historique nous a fait aboutir à l’équilibre universel, à la paix, de même qu’en ce qui touche la