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Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/146

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déclaré, à qui appartient la défense ? À l’État, au prince, à celui qui commande les armées de terre et de mer, répondent à l’unisson les praticiens de l’école monarchique. — À la nation elle-même, répliquerai-je, au pays en masse, représenté non-seulement par son gouvernement, mais par ses communes, ses corporations, ses familles, ses industries, en un mot, par tous ses citoyens, sans distinction d’âge ni de sexe, en un mot, par toutes ses forces. En cas de guerre, l’État n’est plus que la première machine de défense et d’attaque ; il disparaît dans la nation, devenue un camp, une armée. Tout le monde sert, même les enfants et les femmes ; il n’y a d’exception momentanément que pour les malades. C’est ainsi que la France de 92 comprit la défense et qu’elle triompha de la première coalition.

Ici la nouvelle théorie de l’impôt se montre avec sa haute moralité et tous ses avantages. L’impôt, avons-nous dit, est un échange ; l’État, en tant que chargé d’exécuter pour le compte de la nation certains services, un échangiste. Or, il est des choses qui par nature excluent l’idée d’un marché, l’idée de vente et d’achat : de ce nombre est la guerre. Que penserait-on d’un homme qui, insulté grièvement, provoqué en duel, proposerait de se battre par le ministère d’un remplaçant, comme on plaide par procuration ? Il en est ainsi pour une nation dans le cas de guerre. C’est à elle de se défendre en personne, ce qui implique, au moins en principe, par l’universalité de ses citoyens.