Aller au contenu

Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/148

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’attaque envers la dynastie et le gouvernement ?

Je dis donc que, selon les théoriciens de l’école monarchique (voir les constitutions de 1814, 1830, et celle même de 1848), ce n’est plus la nation armée qui se défend elle-même, c’est le prince, avec ses généraux et ses soldats, qui est chargé de la défense nationale, sans que ni bourgeois, ni ouvriers, ni paysans, ni citadins, doivent s’en mêler. La seule chose qui regarde le pays est d’acquitter les contributions voulues, en argent et en hommes. Du sang et de l’or, voilà tout ce que l’État demande aux citoyens pour faire la guerre, pendant laquelle ils n’auront tous qu’à rester chez eux, vaquant à leurs affaires et se tenant tranquilles. Ici il est manifeste que le service militaire, œuvre de pur dévouement selon l’école que j’appellerai de 89, change de nature ; qu’il prend le caractère d’un impôt, c’est-à-dire, selon moi, d’un échange, en un mot d’une opération mercantile entre l’État et la nation ; ce qui, d’une part, introduit dans un service que l’on devrait considérer comme sacré toutes les inégalités de l’impôt, et, d’un autre côté, fait de la guerre une profession spéciale, un métier, chose inadmissible. Or, je répète que telle ne fut jamais l’organisation guerrière sous aucun fondateur d’État, notamment sous Charlemagne ; telle elle ne fut point en 92, telle elle n’était pas encore sous le Consulat ; et que si les exigences du premier Empire modifièrent sous ce rapport la pensée de 89, peu s’en fallut, lors des invasions de 1814 et 1815, que l’Empereur n’abandonnât son système. La Restauration,